Un matin, les élèves d’une classe de terminale ont la surprise de se retrouver seuls. Pour une fois, c’est le prof qui est malade.
- Aucun surveillant n’est libre pour diriger votre étude, dit le directeur de l’établissement. Mais vous êtes assez grands pour vous garder vous-mêmes. Restez tranquilles et ne dérangez pas les autres classes, c’est tout ce que je vous demande !
Dix minutes plus таrd, bien évidemment, il règne dans la salle un chahut indescriptible. Fou de rage, le directeur ouvre la porte à la volée, fonce dans la classe et saisit par le bras trois chahuteurs au hasard.
- Toi ! dit-il au premier. Que faisais-tu debout ?
- J’écrivais des poèmes au tableau, répond l’adolescent.
Le directeur y jette un coup d’œil, et ce qu’il y lit parvient à le faire rougir.
- Tu n’as pas honte d’écrire des cochonneries pareilles ? Renvoyé trois jours ! Au suivant : toi, que faisais-tu debout ?
- J’étais allé fumer une cigarette, répond le deuxième potache.
- Fais voir ?
Avec horreur, le directeur découvre qu’en fait de cigarette, c’est un joint de marijuana que l’élève dissimule au creux de sa main.
- Quel scandale ! Renvoyé dix jours ! Et toi, le dernier, que faisais-tu debout ?
- Je jetais du papier par la fenêtre, m’sieu.
- C’est tout ? Bah, ce n’est pas bien grave… Une heure de colle pour toi, ça suffira…
À cet instant, la porte s’ouvre et un élève hirsute, couvert d’ecchymoses, saignant du nez et boitant bas entre dans la classe.
- Qu’est-ce que c’est que cette tenue ! s’exclame le directeur. Comment t’appelles-tu, toi ?
- Dupapier, m’sieu.
Jack Lang arrive au paradis, en même temps que Maurice Béjart et Marguerite Duras. A l’entrée, sаinт Pierre contrôle sévèrement les identités de chacun des postulants.
- Je suis Marguerite Duras, dit la première.
- Moi, je veux bien vous croire, répond sаinт Pierre, mais il va falloir me le prouver.
Alors Marguerite Duras lui récite de mémoire quelques pages de son dernier livre et sаinт Pierre, convaincu, la laisse passer.
- Je suis Maurice Béjart, dit le second.
- Moi, je veux bien vous croire, mais il va falloir le prouver.
Alors Maurice Béjart hèle quelques anges et, en quelques heures, monte une divine chorégraphie du Sacre du printemps. Sаinт Pierre, convaincu, le laisse passer.
- Je suis Jack Lang, dit le troisième. Le ministre de la Culture…
- Écoutez, répond sаinт Pierre. Moi, je veux bien vous croire, mais tout le monde pourrait en dire autant. Tout à l’heure, par exemple, j’ai été obligé de demander à Maurice Béjart et à Marguerite Duras de me prouver leur identité…
- Béjart et Duras ? fait Jack Lang. Connais pas…
- C’est bon, vous pouvez entrer, dit alors sаinт Pierre avec un soupir. Vous êtes bien le ministre de la Culture.
Dans une petite ville de province, un psychiatre réputé est venu donner une conférence sur la famille.
- Si vous le voulez bien, dit-il à la fin de son exposé, nous allons maintenant vérifier ensemble l’une de mes théories, qui prétend que le prénom des enfants trahit souvent les préoccupations premières de leurs parents. Voyons, vous, monsieur, au premier rang. Comment s’appelle ces deux charmants enfants assis à côté de vous ?
- Fortuné et Richard, répond le spectateur.
- Eh bien, il semble que vous soyez obsédé par les questions d’argent, monsieur.
- En effet, répond l’homme. Je suis banquier.
La salle applaudit, et le psychiatre s’adresse à un couple accompagné de trois petites filles :
- Comment s’appellent-elles ? demande le conférencier.
- Flore, Rose et Marguerite, répond leur mère.
- Voilà qui est clair : vous aimez la nature, les fleurs…
- C’est exact, répond la jeune femme.
Le psychiatre cherche un nouvel exemple, lorsqu’un jeune couple accompagné d’un petit garçon se lève précipitamment pour quitter la salle.
- Allez viens, Biroute, dit la jeune mère en rougissant. On s’en va !