Une dame entre chez un marchand d’oiseaux, sur les bords de la Seine, car elle désire acheter un perroquet. Dans une cage, elle découvre deux perroquets. L’un est splendide, avec un plumage magnifique et de plus, il chante des airs d’une beauté à faire pleurer. Par contre, son compagnon est à moitié déplumé, tout mité, l’œil triste et les plumes grises et il n’ouvre pas le bec.
- Je crois que je vais acheter ce superbe perroquet, dit la dame.
- Ah non ! madame, s’écrie le vendeur. Il faut absolument acheter les deux. Le magnifique et le triste.
- Et pourquoi dois-je acheter les deux ? demande la dame.
- Parce que le déplumé, le triste, celui qui n’ouvre pas le bec, et bien c’est le compositeur.
Un pauvre type se tient debout sur le bord d’un trottoir. Tout laisse à penser qu’il va d’un moment à l’autre traverser la rue. Soudain arrive un autobus roulant à grande vitesse. Le type s’élance pour se jeter sous l’autobus et mettre fin à ses jours. Mais un brave homme qui passait par là s’élance aussi pour retenir le type au moment fatal, et le repousse sur le trottoir.
- Allons monsieur, soyez raisonnable… Avez-vous donc tant de raisons de mettre fin à vos jours ?
Et l’autre, le regard dans le vide :
- Ma femme m’a quitté et je n’ai plus de travail depuis un an. Chaque jour je me réveille le ventre vide, en pensant à la solitude qui m’attend encore une journée entière… Ma jambe gauche est bloquée par une prothèse que je dois à un accident et mes parents viennent de mourir… La vie ne me sert à rien puisque je suis seul au monde.
- Allons, allons, vous êtes jeune encore, la vie ne comporte pas que des mauvais moments, et que sont-ils en regard des joies quotidiennes ? Contemplez la nature… Le soleil, les arbres centenaires, les oiseaux… Vous êtes seul ? Pourquoi ne pas vous attacher à une petite bête qui vous le rendra au centuple ? Un chien, par exemple ! N’est-il pas le plus fidèle compagnon…
À ce moment, le malheureux suicidaire qui, agacé par ce discours, faisait déjà un pas en avant, plante allègrement son pied droit dans une меrdе de chien. Alors il relève lentement la tête, et regardant l’heureux moraliste en face, lui dit amèrement :
- Et vous voudriez me faire croire que le chien est le meilleur ami de l’homme ?